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L'Olympique Lyonnais traverse une période économique difficile. Après plusieurs années de pertes conséquentes, le club rhodanien tente de redresser la barre sous la direction de son propriétaire, John Textor. La situation actuelle soulève des questions sur la viabilité du projet et sur les solutions apportées pour éviter des conséquences dramatiques, telles qu'une relégation administratives en Ligue 2.
Une situation financière préoccupante
L'Olympique Lyonnais se trouve dans une position financière délicate. Selon ses derniers rapports financiers, le club a cumulé des pertes de 320 millions d'euros au cours des cinq dernières saisons. Un déficit qui a eu des conséquences sur sa situation de trésorerie et qui a conduit à un risque de « dissolution technique » en raison de la réduction de ses fonds propres. À la fin de l'exercice 2023/2024, le club affichait des pertes de 25,7 millions d'euros, soit une amélioration notable par rapport aux années précédentes, où les pertes étaient beaucoup plus importantes. Cependant, ce déficit reste préoccupante pour un club de la taille de l'OL, d'autant plus qu'il est directement lié à la baisse de sa compétitivité sportive du club.
En effet, l'OL n'a pas réussi à se qualifier pour la Ligue des Champions depuis plusieurs saisons, un manque à gagner considérable qui pèse lourdement sur ses finances. De plus, la crise sanitaire de la Covid-19 et le déclin de la valeur des droits télévisuels de la Ligue 1 ont aggravé la situation, réduisant les recettes. Bien que le club ait enregistré une croissance de 33 % de son chiffre d'affaires en 2023/2024, pour atteindre 264 millions d'euros, cette hausse provient principalement de deux sources : le merchandising et les événements organisés en dehors des matchs de football. La vente de produits dérivés a presque triplé, passant de 20,5 millions à 54,3 millions d'euros, tandis que les événements dans le Groupama Stadium ont généré 43,4 millions d'euros.
Par ailleurs, les droits TV ont atteint 95,4 millions d'euros, en hausse de 12 % grâce à la qualification pour la Ligue Europa et à l'accord entre la Ligue 1 et le fonds CVC, qui a permis de redistribuer des sommes supplémentaires aux clubs de la Ligue. Les transferts de joueurs ont généré une plus-values de 97,3 millions d'euros, ce qui représente une augmentation de 7 % par rapport à l'année précédente. Malgré cette rentrée d'argent, les bénéfices tirés des ventes de joueurs ne sont pas suffisants pour garantir une viabilité financière durable. En effet, ces plus-values ne font qu'atténuer temporairement les pertes structurelles du club.
Malgré cette diversification des revenus, les résultats sont loin d'être suffisants pour couvrir les charges et réduire l'endettement. En 2023/2024, la masse salariale a augmenté de 3 % pour atteindre 161,9 millions d'euros. Parallèlement, les autres dépenses opérationnelles (hors salaires) ont progressé de 11 % s'élevant à 125,8 millions d'euros. Ainsi, la totalité des charges opérationnelles et salariales a atteint 287,7 millions d'euros, un montant significatif en comparaison aux revenus générés, d'autant plus que le club doit aussi supporter une dette importante.
La dette nette de l'Olympique Lyonnais est une autre source de préoccupation majeure. À la clôture de la saison 2023/2024, la dette nette de trésorerie, comprenant les crédits bancaires et les dettes sur les contrats de joueurs, s'élevaient à 463,8 millions d'euros, en hausse de 14 % par rapport à l'année précédente. Cette dette pèse lourdement sur le club, surtout en période de difficulté économique, et limite ses capacités de financement et de croissance à court et moyen terme.
Il est important de noter que l'OL a dû refinancer sa dette en 2023, mais sa croissance continue indique une incapacité à générer des bénéfices suffisants pour en assurer le remboursement. La gestion de la dette sera donc un enjeu majeur pour le club dans les années à venir.
Les efforts de redressement sous John Textor
Sous la direction de Textor, propriétaire du club via son holding Eagle Football Group, plusieurs initiatives ont été mises en place pour tenter de stabiliser financièrement l'OL. Parmi les solutions envisagées, une injection de capital de 215 millions d'euros est prévue pour couvrir en partie les pertes accumulées depuis la pandémie. L'homme d'affaires américain prévoit de financer cette opération par plusieurs sources de revenus, dont la vente future de sa participation de le club anglais de Crystal Palace, qui rapporterait environ 40 millions d'euros.
En outre, une introduction en Bourse du holding Eagle Football à New York, prévue pour 2025, pourrait générer des fonds supplémentaires jusqu'à 100 millions de dollars pour soutenir le projet lyonnais. La vente de joueurs n'est pas également exclue avec une prévision de 75 millions d'euros, provenant principalement d'autres clubs du holding, notamment Botagofo au Brésil.
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Ces injections de capital seraient essentielles pour maintenir le club à flot, surtout dans un contexte où la DNCG a imposé des restrictions importantes. Le club n'est actuellement pas autorisé à augmenter sa masse salariale, ni à participer au marché des transferts lors du mercato hivernal de janvier 2025, ce qui pourrait avoir un impact significatif sur ses ambitions sportives et financières.
Cependant, ces efforts de redressement soulèvent des interrogations. D'une part, la vente de joueurs phares de l'OL pourrait avoir un effet à court terme sur les finances du club, mais ces décisions risquent aussi de fragiliser l'équipe sur le plan sportif. En outre, le projet de recapitalisation du club ne fait pas l'unanimité parmi les supporters et les analystes financiers, qui soulignent que l'OL a besoin d'un véritable changement structurel et d'une gestion plus rigoureuse pour éviter des dérives financières à l'avenir.
Le rôle de la DNCG et la pression externe
L'Olympique Lyonnais a dû se présenter devant la DNCG à plusieurs reprises pour exposer sa situation financière. Lors de la dernière audition, le 15 novembre passé, Textor a tenu un discours optimiste malgré que l'organe de contrôle ait annoncé derrière une rétrogradation administrative en Ligue 2 à titre conservatoire. Selon ses déclarations, la réunion s'était bien passé et que le club n'a aucun problème de « continuité d'exploitation et de viabilité financière ». Cependant, malgré ces assurances, le dirigeant américain n'a pas caché une certaine tension envers la manière dont les décisions sont prises, évoquant des « ennemis » au sein de la Ligue, en référence à des pressions qu'il attribue à d'autres clubs, notamment le Paris Saint-Germain.
En conférence de presse samedi, Textor a assuré que le club ne sera pas relégué. « Nos actionnaires ont des fonds. Personne ne permettra au club d'être relégué. Nous sommes très optimistes », s'est défendu l'homme d'affaires. Il a également précisé qu'une économie de 50 millions d'euros sera faite sur la masse salariale à la fin de la saison, tout en pointant du doigt la DNCG et le commissaire aux comptes, qui n'ont pas voulu prendre en compte la vente de Crystal Palace et l'introduction en Bourse dans leur appréciation.
Cette démarche vise à montrer de la transparence et à convaincre non seulement les supporters mais aussi les investisseurs que l'OL est sur la bonne voie. Toutefois, ces déclarations n'effacent pas la réalité : la situation financière reste fragile et des mesures concrètes doivent être mis en place tant sur le plan économique que sportif.
Le club rhodanien se trouve à un tournant critique. Les efforts entrepris pour redresser la situation financière, bien que significatifs, ne suffisent pas à garantir la pérennité du club à moyen long terme. Si l'OL parvient à résoudre sa situation d'ici la fin de la saison 2024/2025, il pourra éviter la relégation administrative en Ligue 2. Cet été, la lente descente aux enfers des Girondins de Bordeaux depuis quelques années s'est accélérée, actant la disparition du club.
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