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Conflit entre la LFP et DAZN : droits télévisuels, lutte contre le piratage et crise financière dans le football français

Litige LFP‑DAZN, droits TV contestés et crise financière : le football français en tourmente.
Crédit image : Dazn

Le monde du football français est secoué par une nouvelle confrontation entre la Ligue de Football Professionnel (LFP) et la plateforme britannique DAZN. Ce différend contractuel, centré sur un paiement de 35 millions d’euros pour le mois de février – représentant 50 % de la somme prévue –, s’inscrit dans un contexte plus large de difficultés économiques qui affectent l’ensemble des clubs des Ligue 1 et Ligue 2.


Un différend sur les droits audiovisuels


La LFP a récemment porté l’affaire devant le Tribunal de Commerce de Paris, accusant DAZN de ne pas avoir versé les sommes convenues dans le contrat de diffusion de la Ligue 1. Selon plusieurs sources, dont le quotidien L’Équipe, la somme en question s’élève à 35 millions d’euros pour la tranche de février.


Ce litige intervient dans le cadre d’un contrat global signé l’été dernier, qui confère à DAZN l’exclusivité de la diffusion de la Ligue 1 en France jusqu’à la saison 2028-2029, pour une valorisation annuelle évoquée entre 375 et 400 millions d’euros. Les détails du contrat révèlent également une répartition précise des rencontres : DAZN diffusera huit matchs par journée, tandis que beIN Sports prendra en charge un match. Outre la diffusion des rencontres, l’accord comprend la fourniture de contenus additionnels (clips, résumés) destinés à enrichir l’expérience des téléspectateurs.


Les arguments de DAZN et de la LFP


Face à ces accusations, DAZN justifie son retard de paiement en invoquant deux points majeurs :


  1. La lutte contre le piratage : La plateforme pointe du doigt l’inaction de la LFP et des autorités, notamment d’Arcom, qui selon DAZN bloque un nombre de liens bien inférieur à celui réalisé dans d’autres pays comme l’Angleterre ou l’Italie. Pour la chaîne, ce manque de réactivité compromet la valorisation du produit audiovisuel et nuit à l’ensemble du partenariat.
  2. Le manque d’implication des clubs : DAZN déplore également la faible collaboration de certains clubs français dans la promotion et la valorisation du contenu diffusé, ce qui fragilise davantage le modèle économique sur lequel repose le contrat.


Dans une démarche qualifiée d’« électrochoc », le dirigeant de DAZN France a souligné qu’un partenariat ne se résume pas à l’achat des droits pour ensuite se désengager, mais qu’il nécessite un effort commun entre la ligue, les clubs et le diffuseur.


Du côté de la LFP, dirigée par Vincent Labrune, la position est claire : la ligue respecte scrupuleusement ses engagements contractuels et attend de DAZN qu’elle honore les paiements prévus. La situation rappelle d’ailleurs d’anciens conflits, comme celui survenu avec Mediapro en 2020-2021, qui avait laissé des séquelles financières aux clubs.


Par ailleurs, une clause du contrat prévoit une éventuelle sortie de DAZN à l’issue de la saison 2025-2026 si la plateforme ne parvenait pas à atteindre 1,5 million d’abonnés en France – or, aujourd’hui, elle ne compte qu’un peu plus de 500 000 abonnés. Toutefois, les responsables de la plateforme affirment leur volonté de travailler sur le long terme plutôt que d’activer cette clause.


Enjeux économiques pour le football français


Ce conflit intervient à un moment où le modèle économique du football français est particulièrement mis à l’épreuve. Les droits télévisuels constituent la principale source de revenus pour la majorité des clubs, qui dépendent de ces sommes pour compenser des déficits souvent considérables.


En 2020-2021, les clubs avaient déjà souffert des conséquences d’un désaccord avec Mediapro, et la situation actuelle ne fait qu’ajouter une couche supplémentaire d’incertitude. Au-delà des tensions liées aux droits audiovisuels, la crise financière qui secoue le football français se matérialise par des pertes colossales au niveau des clubs professionnels.


Une crise financière structurelle


Selon des documents publiés par la Direction Nationale de Contrôle et de Gestion (DNCG) de la LFP, les 36 clubs évoluant en Ligue 1 et Ligue 2 devraient clore la saison 2024-2025 avec un déficit global de 1,2 milliard d’euros. Cette situation contraste avec la saison précédente, où un déficit initial avoisinant les 1 milliard d’euros avait pu être réduit à environ 250 millions d’euros grâce aux recettes issues des transferts de joueurs (qui se chiffraient à 830 millions d’euros).


Jean-Marc Mickeler, président de la DNCG, souligne que le modèle économique des clubs français repose en grande partie sur le développement et la vente de talents, plutôt que sur des revenus stables comparables à ceux des autres grandes ligues européennes. La gestion des coûts et la capacité à générer des recettes via les transferts restent donc des éléments cruciaux pour maintenir un équilibre financier.


Un autre facteur aggravant est la baisse significative des revenus liés aux droits audiovisuels issus du partenariat avec le fonds CVC. Alors que les clubs avaient perçu entre 472 et 550 millions d’euros lors des saisons précédentes, la contribution pour la saison en cours se limite à un peu plus de 130 millions d’euros. Cette diminution s’ajoute à une hausse de certaines dépenses, notamment dans des secteurs comme l’énergie, rendant la situation encore plus précaire.


Il convient également de mentionner les récentes investigations menées par le Parquet National Financier (PNF) qui ont conduit à des perquisitions dans les bureaux de la Ligue 1, du fonds CVC Capital Partners et même au domicile de Vincent Labrune. Ces enquêtes, portant sur des soupçons de malversation de fonds publics, de corruption et d’abus de pouvoir, viennent compliquer davantage le paysage financier du football français.


Vers une réorientation nécessaire ?


Face à cette conjoncture difficile, le conflit entre la LFP et DAZN ne se limite pas à une simple mésentente contractuelle, mais s’inscrit dans un schéma plus global où les enjeux économiques et stratégiques se font de plus en plus pressants. Pour les clubs français, dépendants en grande partie des revenus télévisuels, l’enjeu est de taille : la survie financière du championnat et la compétitivité sur la scène européenne pourraient être compromises si les partenaires ne parviennent pas à trouver un terrain d’entente.


Dans ce contexte, la recherche d’un partenariat plus équilibré et d’un engagement commun – intégrant des mesures plus efficaces contre le piratage et une meilleure collaboration des clubs dans la promotion du produit – apparaît comme indispensable. De même, une révision des modalités de répartition des revenus, notamment avec le fonds CVC, pourrait permettre de réduire l’ampleur des pertes enregistrées par les clubs.


Conclusion


Entre litiges contractuels et crise financière généralisée, le football français traverse une période de turbulences. Le conflit entre la LFP et DAZN, en portant sur des enjeux de paiement et de lutte contre le piratage, illustre parfaitement la complexité du marché des droits audiovisuels dans un environnement concurrentiel.


Parallèlement, la situation économique des clubs – marquée par des déficits historiques et une baisse drastique des revenus médiatiques – impose une réévaluation urgente du modèle économique afin d’assurer la pérennité du championnat. Il appartient désormais aux acteurs concernés – la LFP, les clubs, les diffuseurs et les investisseurs – de s’unir pour trouver des solutions qui, tout en garantissant le respect des engagements contractuels, redonneront au football français la stabilité nécessaire pour affronter les défis futurs.


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