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Inter Milan, Oaktree et Bank of America : une opération de refinancement au cœur d'un projet stratégique

Inter Milan, Oaktree et Bank of America : une opération de refinancement au cœur d'un projet stratégique
Giuseppe Marotta, président de l'Inter Milan.
Crédit image : Calcio e Finanza


Un an après avoir pris le contrôle de l'Inter Milan, le fonds américain Oaktree entre dans une phase clé de son projet de redressement et de valorisation du club : le refinancement de la dette obligataire de près de 400 millions d'euros. Dans cette opération complexe, l'investisseur s'est adjoint le services d'un acteur de poids, Bank of America, déjà bien implanté dans le secteur du football européen. Ce mouvement financier, loin d'être anodin, pourrait bien conditionner non seulement l'avenir économique du club lombard, mais aussi sa capacité à attirer de nouveaux partenaires ou actionnaires.


Un passif hérité, une dette structurante


L'intervention d'Oaktree dans le capital de l'Inter découle d'un défaut de remboursement de 395 millions d'euros par l'ancien actionnaire majoritaire, le conglomérat chinois Suning, en mai 2024. Ce défaut a permis au fonds américain, qui avait structuré ce prêt via un montage avec option de conversion, de devenir actionnaire majoritaire du club. Toutefois, en héritant de l'inter, Oaktree a aussi récupéré un passif lourd, en particulier une obligation high yield de 400 millions d'euros, contractée par Inter Media and Communication, la société qui détient les droits médias et commerciaux du club.

Ces obligations, arrivant à échéance en février 2027, sont garanties par des actifs essentiels : les revenus issus des droits de diffusion, de la billetterie et du sponsoring. Elles constituent donc un élément stratégique pour le modèle économique du club. Pour Oaktree, l'enjeu est clair : renégocier ou refinancer cette dette à de meilleures conditions, réduit le coût du capital, et sécuriser l'équilibre financier à moyen terme.


Bank of America, un partenaire expérimenté dans le football


La désignation de Bank of America comme conseiller financier dans ce processus est tout sauf anodine. La banque d'investissement américaine possède une expertise avérée dans le secteur du football professionnel européen. Elle a notamment été impliquée dans le refinancement de l'AC Milan, a agi en tant qu'advisor pour le fonds Elliott lors de la vente du club lombard à RedBird Capital Partners, et a participé au financement des travaux de rénovation du stade Santiago Bernabéu pour le Real Madrid.

Trois scénarios sont actuellement envisagés pour le refinancement :

  1. Une colocation privée sur les marchés obligataires, auprès d'investisseurs institutionnels à la recherche de rendement.
  2. Un recours à des fonds de dette privée, capables d'apporter de la flexibilité à un coût potentiellement inférieur à celui des marchés publics.
  3. L'émission d'une nouvelle obligation, mais à des conditions plus avantageuses pour l'Inter, en s'appuyant sur la solidité retrouvée de ses états financiers.

Le choix définitif n'a pas encore été arrêté, mais la priorité affichée est de réduire le coût actuel de la dette, ce qui permettrait de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour l'avenir du club, en particulier sur les plans sportifs et infrastructurels.


Une situation financière en nette amélioration


Ce mouvement financier intervient alors que les comptes de l'Inter affichent une dynamique particulièrement positive. Si la saison 2024/2025 ne s'est soldé par aucun trophée majeur, le club s'apprête malgré tout à clore l'exercice avec le meilleur résultat financier de son histoire. Selon les dernières estimations, les revenus annuels devraient approcher les 500 millions d'euros, portés notamment par les 160 millions d'euros de primes issues du parcours européen en Ligue des champions.

Après plusieurs années de pertes chroniques, la perspective d'un résultat net positif représente un tournant significatif. Ce changement de trajectoire renforce la position d'Oaktree dans ses négociations financières et contribue à redorer l'image du club auprès d'investisseurs potentiels. Il offre aussi un contexte favorable au refinancement des obligations existantes, car la solidité du bilan permet d'espérer des conditions plus avantageuses.


Valorisation, attractivité et perspectives d'ouverture du capital


Derrière cette opération de refinancement se profile un enjeu plus large : préparer l'Inter à une future ouverture du capital, voire à une cession. Oaktree, tout en réaffirmant son soutien à long terme via son véhicule Global Opportunities, ne ferme pas la porte à une offre d'achat attractive. Des premiers signaux montrent que certains fonds de private equity ou investisseurs institutionnels commencent à examiner le dossier, bien qu'aucune négociation formelle ne soit engagée à ce stade.

Selon les standards actuels du marché, un club générant environ 500 millions d'euros de chiffre d'affaires peut prétendre à une valorisation brute (enterprise value) de 1,5 milliard d'euros, en appliquant un multiple de x3 sur les revenus, courant dans les transactions sportives européennes. Toutefois, cette valeur doit être ajustée en fonction du niveau d'endettement. Un refinancement réussi, couplé à des résultats financiers positifs et un projet d'infrastructure solide, pourrait maximiser la valeur du club sur le marché.


Le projet de stade comme levier stratégique


Enfin, au-delà de la dette et des revenus sportifs, un autre facteur joue un rôle central dans la stratégie de valorisation de l'Inter : le projet de nouveau stade à Milan. Ce dossier, déjà ancien mais réactivé avec vigueur par la nouvelle direction, pourrait transformer en profondeur le modèle économique du club. Un stade moderne et multifonctionnel, propriété du club, permettrait d'augmenter significativement les revenus récurrents (billetterie, hospitalités, droits de naming), tout en renforçant l'autonomie et l'attractivité du projet Inter auprès d'investisseurs globaux.

En conclusion, le refinancement de la dette obligataire n'est pas un simple ajustement technique. Il s'agit d'un pivot stratégique, à l'intersection de la finance, du sport et de la gouvernance d'entreprise. Avec l'appui de Bank of America, Oaktree cherche à transformer l'Inter Milan en un actif rationnel, performant et prêt à séduire les investisseurs mondiaux, tout en consolidant sa stabilité à long terme. Dans un football européen de plus en plus financiarisé, où les clubs sont devenus des produits d'investissement à part entière, cette opération pourrait bien marquer un tournant dans la trajectoire d'un club historique en pleine réinvetion


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