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Depuis quelques années, l'Arabie Saoudite investit massivement dans le football, attirant des stars internationales et redéfinissant les codes économique du sport roi. Au centre de cette révolution, Al Hilal, le club le plus titré d'Asie, se hisse désormais au sommet des grandes puissances économiques du football mondial.
Avec 281 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023/2024 (hors transferts), ce mastodonte dépasse la majorité des clubs européens, à l'exception des géants, comme le Real Madrid, le FC Barcelona, Manchester City, le PSG, entre autres. Mais comment ce club, issu d'une ligue encore en pleine construction, parvient-il à rivaliser avec l'élite européenne ?
Un modèle économique centré sur la marque et les sponsors
Une performance commerciale impressionnante
En 2023/2024, 60 % des revenus d'Al Hilal, soit 166 millions d'euros, proviennent de la sphère commerciale. Ce montant dépasse les recettes commerciales de clubs établis comme l'Atlético de Madrid (90 millions d'euros en 2022/2023) ou encore certains clubs de Premier League tels qu'Aston Villa ou Brighton. Cette prouesse est le fruit d'une stratégie commerciale agressive qui capitalise sur la visibilité des stars internationales recrutées à coups de millions.
Les sponsors : un pilier essentiel
Le club saoudien a attiré pas moins de 17 sponsors en 2023/2024, contre 11 la saison précédente, générant 113 millions d'euros, soit une augmentation de 89 % en un an. Parmi les partenariats les plus notables :
- Qiddiya Investment Company : Cet acteur du projet Vision 2030 de l'Arabie Saoudite, qui prévoit la création d'une mégacité dédiée au divertissement, finance le club à hauteur de 26 millions d'euros par an dans le cadre d'un contrat de 20 ans.
- Savvy Games Group : Cette entreprise, spécialisée dans les jeux vidéo et les sports électroniques, occupe le devant du maillot. Elle symbolise la volonté saoudienne de diversifier son économie en investissant dans les secteurs technologiques et culturels.
- Red Bull Mobile et Puma : Ces marques ajoutent une touche internationale à la liste de sponsors, renforçant l'attractivité globale du club.
Ces partenariats démontrent la capacité d'Al Hilal à séduire à la fois des sponsors locaux et internationaux, et à maximiser la visibilité de ses stars, notamment Neymar, recruté pour 90 millions d'euros.
Des revenus diversifiés pour assurer une stabilité financière
L'académie et les entreprises affiliées
Al Hilal ne mise pas uniquement sur les sponsors pour générer des revenus. Le club diversifie ses activités à travers :
- Son académie de football, qui a généré 9 millions d'euros en 2023/2024, avec un un bénéfice net de 2 millions d'euros.
- Four Al Hilal Trading Company, une filiale commerciale qui a enregistré un chiffre d'affaires de 13 millions d'euros, en hausse de 59 % par rapport à l'année précédente.
Les membres platinium : un modèle exclusif
Le club de la Saudi Pro League (SPL) propose également une formule de membre premium pour ses supporters les plus fortunés. Le statut Platinium, facturé près de 296 000 euros, offre des avantages exclusifs : accès VIP, vidéos personnalisées des joueurs, merchandising dédicacé et même un rôle dans les décisions stratégiques du club. Ce concept unique reflète la volonté d'Al Hilal de maximiser l'engagement des supporters tout en capitalisant sur le prestige de ses stars.
Des investissements massifs, mais une rentabilité incertaine
Une dépendance au soutien public
Si Al Hilal brille sur le plan économique, ses dépenses sont également vertigineuses. En 2023/2024, le club a investi 376 millions d'euros dans les transferts, dont 150 millions d'euros pour Neymar et Malcom. A cela s'ajoutent des salaires faramineux, bien que le rapport financier ne précise pas leurs montant exact. Ces dépenses colossales sont soutenues par le Public Investment Fund (PIF), le fonds souverain saoudien qui possède également Al Nassr, Al Ittihad et Al Ahli.
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Un équilibre financier fragile
Malgré un chiffre d'affaires impressionnant, le club n'a réalisé qu'un bénéfice symbolique de 8 500 euros en 2023/2024, une donnée qui exclut les dépenses liées aux transferts. Ce résultat souligne la fragilité du modèle économique du football saoudien, qui repose largement sur le soutien étatique et les investissements stratégiques à long terme.
Un défi : séduire le public local et international
Malgré la présence de stars, la Saudi Pro League peine encore à attirer un public local conséquent. La moyenne d'affluence en 2023/2024 n'était que de 8 000 spectateurs par match, bien en deça de la capacité des stades.
En revanche, sur le plan international, la ligue saoudienne commence à capter l'attention. Selon la Saudi Gazette, les matchs sont diffusés dans 160 pays et attirent 200 millions de téléspectateurs, preuve d'un intérêt croissant à l'échelle mondiale.
Un modèle innovant mais à surveiller
Al Hilal incarne la volonté de l'Arabie Saoudite de s'imposer comme une puissance incontournable du football mondial. Grâce à une stratégie commerciale centrée sur la marque, des partenariats solides et des investissements massifs dans les stars internationales, le club affiche des performances économiques dignes des plus grands. Cependant, la dépendance aux fonds publics et les défis liés à l'engouement local posent des questions sur la durabilité de ce modèle.
Alors que la SPL visent à rivaliser avec les meilleures compétitions européennes, Al Hilal se positionnent déjà comme un acteur clé. Reste à savoir si ce géant saoudien parviendra à transformer ses ambitions économiques en succès sportif durable.
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