Crédit image : Saudi Pro League |
Dans une démarche ambitieuse inscrite dans son programme Vision 2030, le Royaume du Gofle intensifie la privatisation de son secteur footballistique. Le ministre des Sports, le prince Abdulaziz bin Turki Al-Faysal, a récemment annoncé que 25 entreprises saoudiennes et internationales sont en lice pour investir dans six des quatorze clubs mis sur le marché. Ces investissements pourrait atteindre jusqu'à 133 millions de dollars, soulignant l'intérêt croissant pour le football saoudien et son potentiel économique.
Un secteur en pleine mutation
La privatisation de clubs de la Saudi Pro League (SPL) marque un tournant dans la stratégie saoudienne visant à diversifier son économie, encore largement dépendante des revenus pétroliers. Parmi les six clubs concernés, seuls quatre évoluent actuellement en première division :Al Okhdood, Al Kholood, Al Orobah et Al Riyadh. Les autres, bien que dans des divisions inférieures, suscitent également un fort intérêt grâce aux réformes facilitant les investissements privés.
Cette initiative s'inscrit dans un contexte de croissance rapide pour le football saoudien, qui a enregistré une augmentation de 33 % de ses revenus annuels. Les matchs sont désormais diffusés dans plus de 160 pays, reflétant l'expansion de la SPL à l'international. En parallèle, les quatre plus grands clubs du pays - Al Nassr, Al Hilal, Al Ahli et Al Ittihad - restent sous le contrôle public via le fonds souverain Public Investment Fund (PIF).
Vision 2030 : sport et diversification économique
Lancé en 2016, Vision 2030 vise à transformer l'Arabie Saoudite en un hub économique et touristique mondial. Le sport, et en particulier le football, joue un rôle central dans ce programme. L'organisation d'événements sportifs de premier plan, comme le Grand Prix de Formule 1 à Djeddah, les Supercoupes d'Espagne et d'Italie, ou encore la candidature réussie pour accueillir la Coupe du monde en 2034, illustre cette ambition.
Le gouvernement a également créé une plateforme simplifiant les démarches administratives pour ouvrir des clubs ou des académies. « En 2018, cela nécessitait des procédures complexes. Aujourd'hui, chacun peut créer un club ou investir dans le secteur », a déclaré le ministre. Cette simplification vise à attirer un éventail plus large d'investisseurs, locaux comme internationaux.
Malgré les progrès réalisés, certaines ambitions saoudiennes rencontrent des obstacles. L'année dernière, l'UEFA a refusé une proposition permettant à des clubs saoudiens de participer à la Ligue des Champions. Aleksander Ceferin, président de l'UEFA, a fermement rejeté cette idée, rappelant que seules les équipes européennes peuvent concourir dans ses compétitions.
Cependant, ce refus ne freine pas l'élan saoudien. En multipliant les partenariats, et en attirant des stars internationales, la SPL cherche à s'imposer comme un acteur incontournable du football mondial.
Un modèle économique sous surveillance
Si les efforts pour ouvrir le marché saoudien aux capitaux étrangers témoignent d'une dynamique positive, des interrogations subsistent quant à la durabilité de ce modèle. L'investissement massif dans le sport, soutenu en grande partie par des fonds publics, soulève des questions sur la rentabilité à long terme, notamment dans un pays où la base de fans locaux est encore en développement.
Le succès de cette privatisation dépendra de la capacité de l'Arabie Saoudite à séduire des investisseurs étrangers tout en consolidant son marché intérieur. Avec des revenus projetés en forte hausse et une stratégie bien définie, le royaume s'inscrit dans transformation profonde, mais le défi sera d'équilibrer croissance économique, compétitivité sportive et crédibilité sur la scène internationale.
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