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L'OL enregistre une hausse de 27 % de ses revenus en 2023-2024, atteignant 368,3 M€, grâce aux événements et au trading de joueurs. Crédit image : OL Média |
L'Olympique Lyonnais a clôturé son exercice 2024/2025 sur une nette dégradation de ses fondamentaux économiques. Selon les chiffres publiés par Eagle Group, les chiffre d'affaires net du club a reculé de 39 %, à 162,2 millions d'euros, en raison d'une chute spectaculaire des droits audiovisuels et d'un contexte économique toujours instable pour les clubs français. Malgré des plus-values sur transferts estimées à 111,6 millions d'euros, la direction prévoit encore des pertes très significatives pour la saison en cours, renforçant l'idée que la rentabilité du club ne sera pas retrouvée à court terme.
Chiffre d'affaires en baisse, modèle économique sous tension
La baisse de 24 % du chiffre d'affaires global du club, à 273,8 millions d'euros, s'explique principalement par l'effondrement des droits TV de Ligue 1 : de 94,6 millions à 22,8 millions d'euros en 2024/2025. Pour la saison à venir, la direction prévoit une nouvelle contraction, possiblement sous la barre des 10 millions d'euros. Cette évolution découle notamment de la fin prématurée du contrat avec DAZN, que la LFP a résilié en 2025, et du lancement à venir d'une plateforme OTT maison pour la diffusion des matchs.
Cette situation se conjugue à une dépendance accrue au marché des transferts. Malgré les plus-values enregistrées, le club ne parvient pas à équilibrer son budget. A un mois de la clôture du mercato estival, les ventes concrétisées atteignent à peine 20 millions d'euros, alors que la valeur totale de l'effectif est estimée à 164 millions d'euros selon Transfermarkt.
Une dette croissante et un soutien capitalistique décisif
Entre 2019 et 2024, l'OL a cumulé près de 324 millions d'euros de pertes, auxquelles s'ajouteront les résultats 2024/2025, estimé à -90 millions d'euros. D'après le Financial Times, la dette brute du club s'élève désormais à environ 445 millions d'euros. Pour éviter une relégation administrative décidée par la DNCG, le club a bénéficié d'une augmentation de capital de 87 millions d'euros, à laquelle s'est ajoutée une ligne de crédit de 30 millions d'euros.
Ce plan de sauvetage a été portée en grande partie par Michele Kang, déjà détentrice du projet OL Lyonnes (ex-section féminine), à qui elle a versé 11 millions d'euros supplémentaires pour une part de 31,95 % dans la structure commerciale liée au football féminin. Kang a également pris la présidence exécutive du groupe Eagle Football, succédant à John Textor, qui s'est retiré de ses fonctions exécutives au sein du club.
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Les limites du modèle post-CVC
L'Olympique Lyonnais n'est pas un cas isolé. Le club illustre les limites du modèle économique développé en France depuis l'entrée du fonds CVC Capital Partners au capital de la LFP. Les avances perçues par les clubs (1,1 milliard d'euros au total) ont été intégrées comme revenus ordinaires, retardant les ajustements structurels nécessaires. L'OL, à lui seul, à intégré 90 millions d'euros issus de ces versements sur deux exercices, tandis que CVC perçoit désormais un pourcentage des recettes audiovisuelles, réduisant les montants disponibles pour les clubs.
La fin du contrat avec DAZN — initialement signé pour 5 ans et 400 millions d'euros annuels — a aggravé cette fragilité. La plateforme OTT que la LFP souhaite lancer dès 2025/2026 reste entourée d'incertitudes. En attendant, certains clubs, dont Lyon perçoivent désormais davantage de l'UEFA (22,9 millions d'euros en 2024/2025) que des compétitions domestiques.
Activités commerciales et hors match en retrait
La contraction des revenus touche également les activités commerciales. Les revenus sponsoring ont reculé de 18 % à 30,4 millions d'euros, impactés par la sortie du périmètre de consolidation de l'OL Vallée Arena et des sections féminines. La vente de la marque OL Lyonnes à Kynisca a certes généré un paiement exceptionnel de 26,9 millions d'euros, mais prive désormais le club des revenus associés à l'usage de la marque féminine.
Les revenus merchandising sont restés stables à 12,7 millions d'euros, mais les revenus de billetterie ont progressé de 26 % à 42,8 millions, tirés par la participation à l'Europa League. En revanche, les recettes événementielles ont chuté de 57 % à 18,7 millions d'euros, en l'absence de compétitions internationales (comme la Coupe du Monde de Rugby) et d'une baisse de fréquentation de l'OL Vallée.
Perspectives et incertitudes
Le maintien du club en Ligue 1, validé début juillet après l'appel devant la DNCG, reste conditionné à la poursuite des mesures de réduction de charges, notamment salariales, et à la capacité du club à générer des revenus alternatifs. A moyen terme, le retour à un modèle équilibré passera par une qualification régulière en compétitions européennes, une meilleure valorisation des actifs (stade, académies) et une normalisation du marché des droits TV.
Mais pour l'ensemble de la Ligue 1, la situation reste préoccupante. Selon The Guardian et Le Figaro, le différend juridique avec DAZN pourrait entraîner jusqu'à 140 millions de pénalités et la crise des droits audiovisuels menace l'équilibre financier de nombreux clubs. En l'absence de stratégie fédérale claire, la dépendance au transfert de joueurs et aux injections de capitaux externes pourrait durablement fragiliser l'écosystème français.
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