Le club présidé par Daniel Levy cherche à se muscler financièrement afin de maintenir sa compétitivité en Premier League. Le chiffre d'affaires en 2022/2023 a atteint un record historique, mais a été contrasté par une perte de 102 millions d'euros.
Totthenham Hotspur cherche à se renforcer financièrement. Dans un communiqué publié le 3 avril sur son site officiel, le club londonien explique qu'il est en discussion avec de potentiels investisseurs pour une augmentation significative de son capital afin de mieux rivaliser avec les gros morceaux de la Premier League. Cette annonce intervient après les importants investissements que le club a réalisé depuis l'inauguration de son nouveau stade en avril 2019, dont le président Daniel Levy chiffre à plus de 600 millions de livres sterling.
« Pour capitaliser sur notre potentiel à long terme, continuer à investir dans les équipes et entreprendre de futurs projets d'investissement, le club a besoin d'une augmentation significative de ses fonds propres », a déclaré Levy.
Cette recherche de fonds arrive après une saison 2022/2023 clôturé avec un déficit de 102 millions d'euros, ce qui impacte fortement son capital. Les Spurs, en quête de titre dans le football anglais depuis plus de 15 ans, ont toutefois dépassé pour la première fois les 500 millions de livres sterling de chiffre d'affaires en une saison, ce qui confirme la tendance croissante de son activité depuis l'inauguration de son nouveau stade.
Cette nouvelle infrastructure a eu impact significatif sur les activités les jours de match et sur le secteur commercial. Ces deux lignes réunies ont contribué à hauteur de 345 millions de livres sterling (environ 403 millions d'euros), soit près des deux tiers de son chiffre d'affaires total, qui a augmenté de 24% d'une année sur l'autre pour atteindre 550 millions de livres sterling (environ 642 millions d'euros).
L'impact du Tottenham Hotspur Stadium
Le stade Tottenham Hotspur n'est pas le seul élément clé du club, mais il a un impact significatif sur la croissance des revenus. Dès le premier rapport pour sa construction, le club a exposé une stratégie qui comprenait une forte activité en dehors des jours de match, de nouvelles recettes provenant d'expériences premium et des alliances stratégiques avec des partenaires susceptibles d'être attirés dans une enceinte ultramoderne dans une ville aussi dynamique et universelle que Londres.
L'inauguration a eu lieu en avril 2019, près d'un an avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19 qui a eu un impact sur l'industrie du sport, mais très rapidement, le club nord-londonien a commencé rapidement à rentabiliser l'investissement estimé à 1 milliard de livres sterling (1,2 milliard d'euros). Une fois rouvert après le déconfinement, la stratégie de 365 jours d'activité à débuté. En 2021/2022, les recettes de matchday, qui comprennent également le sponsoring, s'élevaient déjà à près de 290 millions de livres sterling (339 millions d'euros), soit une amélioration de 13% par rapport à la période précédant la pandémie.
La saison dernière, ce chiffre a encore augmenté de 19% pour atteindre près de 350 millions de livres sterling (409 millions d'euros). « Il s'agit d'une source de revenus essentielle pour la sécurité de la dette contractée pour la construction du stade », a reconnu Daniel Levy.
Les activités que le club propose dans le stade sont diverses. Avec ses 62 000 places, Tottenham a conçu un stade polyvalent doté d'une surface rétractable pour accueillir une pelouse synthétique sous la pelouse naturelle habituelle des terrains de football. La raison de cette double pelouse est de pouvoir accueillir des matchs de football américain, et le club a noué un partenariat jusqu'en 2030 avec la division représentant la NFL (Ligue américaine de football) au Royaume-Uni.
Cette surface aménageable permet également d'organiser d'autres événements, tels que des combats de boxe, des concerts, etc. L'une des plus grandes innovations est l'installation d'une piste de karting électrique sous l'une des tribunes, que le club exploite parallèlement avec la Formule 1, dans le cadre d'un accord d'une durée de 15 ans. Ces recettes supplémentaires sont enregistrés dans la zone commerciale, qui exploite également le stade pour des conférences et des congrès d'entreprises.
En outre, le Tottenham Hotspur Stadium est doté d'un grand nombre de bars et de restaurants, mais aussi d'un sky walk, un sentier aménagé sur le toit qui donne une vue panoramique sur la ville de Londres, que les visiteurs du stade peuvent emprunter. « Toutes les activités du stade sont conçues pour créer des flux de revenus diversifiés qui peuvent être investis dans notre activité principale : le football », a ajouté le président, qui envisage en outre de construire un hôtel de 180 chambres et de 50 appartements privés à l'extrémité sud du stade. Le permis de construire est déjà accordé, et le club est convaincu que ce nouvel investissement soutiendra ses activités.
Toujours loin de la rentabilité
Cette diversification des sources de revenus tant prônée par les experts de l'industrie du sport permet actuellement au club londonien de compenser l'absence de titre majeur sur le plan sportif. Elle permet également de diminuer la dépendance aux recettes audiovisuelles, qui à ce jour, sont la principale source de revenus de la grande majorité des clubs de football. En 2022/2023, la télévision a contribué à hauteur de 204 millions de livres sterling (238 millions d'euros), soit une hausse de 32% d'une année sur l'autre. Cependant, ce budget des droits TV est loin d'être suffisant pour confectionner une équipe compétitive dans un championnat avec un big-six aussi compétitif et qui voit des prétendants, tels que Brighton ou Aston Villa, taper à la porte.
Toutefois, malgré cette hausse significative des recettes, le club fait également face à des dépenses en constante croissance afin de maintenir sa place dans le big-six anglais. Rien que pour les salaires le club a dépensé 256 millions de livres (299 millions d'euros, soit 25% de plus que les recettes audiovisuelles. En plus, le club a mis le paquet sur l'amélioration de son équipe première à la sortie de la pandémie, avec des indemnités de transfert en hausse. Un marché dans lequel, Tottenham reste actif malgré la réputation de dur négociateur de son président.
En 2022/2023, les plus-values des transferts ont atteint 127 millions de livres (environ 148 millions d'euros), soit une amélioration de 59%. Ce montant ne prend pas en compte la vente de Harry Kane au FC Bayern pour près de 100 millions d'euros et dont les plus-values seront comptabilisées dans la saison en cours. Toutefois, malgré toutes ces initiatives, Tottenham n'arrive toujours pas à atteindre la rentabilité. En 2022/2022, les Spurs ont clôturé l'exercice avec une perte de 87 millions de livres (environ 102 millions d'euros).
« Nous nous attendons à une augmentation des recettes commerciales provenant d'événements organisés par des tiers, même si cela ne compensera pas la non participation aux compétitions européennes cette saison. En outre, comme le reflètent ces résultats, nous nous attendons à ce que l'impact, nous nous attendons à ce que l'impact de la hausse des coûts, causée par les événements géopolitiques, continue d'affecter tous les domaines de nos activités », reconnaît Levy.
Ainsi, pour concrétiser ses ambitions, le club s'ouvre à des investisseurs potentiels afin d'augmenter significativement son capital. Tottenham ne serait pas le premier club anglais à choisir cette option pour rivaliser dans un championnat dont ses principaux concurrents sont sous la main de milliardaires, de fonds d'investissement et de fonds souverains.
Début 2024, Manchester United a officialisé le rachat de 27,7% de son capital par le magnat de la pétrochimie, Jim Ratcliffe. Les Red Devils, dans l'objectif d'emboiter le pas au Spurs, ont mis en place un groupe de travail pour construire un stade de classe mondiale et régénérer le site d'Old Trafford. Au niveau européen, le Real Madrid suit également les pas des Spurs avec la rénovation du nouveau Santiago Bernabéu, de même que le Barça, qui a entamé les travaux de l'Espai Barça afin de diversifier ses revenus en renforçant le rendement de ses infrastructures.
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