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Depuis 2021, les négociations entre l'Arabie Saoudite et le diffuseur qatari BeIN Sports continuent d'alimenter les spéculations. Après avoir consolidé ses investissements dans le sport à travers des acquisitions de clubs de football et des partenariats dans des disciplines majeures, l'Arabie Saoudite envisage aujourd'hui une entrée dans le capital de l'un des plus grands diffuseurs sportifs de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord).
Des discussions en pointillé, mais stratégiques
Selon The Telegraph, les discussions entre l'Arabie Saoudite et BeIN Sports remontent à 2021, lorsque les tensions géopolitiques entre les deux pays ont commencé à se détendre, facilitant la levée de l'interdiction de BeIN en Arabie Saoudite. Cette interdiction en vigueur depuis 2017, avait été mise en place en pleine période de tensions diplomatiques et économiques dans la région. La situation s'était encore compliquée avec l'émergence de la plateforme pirate BeoutQ, accusée d'avoir diffusé illégalement le contenu de BeIN Sports, avec un soutien présumé du gouvernement saoudien.
Cependant, un tournant est intervenu en 2021, lorsque Riyad a désactivé la plateforme BeoutQ, quelques heures avant le rachat de Newcastle United par le fonds souverain saoudien (PIF) ne soit officiellement validé. Cet événement a marqué le début de nouvelles discussions entre l'Arabie Saoudite et BeIN, discussions qui se sont intensifiées avec la montée des investissements saoudiens dans le sport mondial.
L'objectif saoudien est clair : renforcer son influence sur le marché médiatique mondial du sport. Selon une source proche des négociations, « les Saoudiens essaient d'acheter ce qui leur manque : un groupe médiatique global, en particulier un leader dans leur région ». Cette déclaration met en lumière l'intérêt de l'Arabie Saoudite pour BeIN Sports, qui possède les droits de diffusion de compétitions majeures comme la Premier League, la Ligue des Champions de l'UEFA, la NBA ou encore la Formule 1 dans le monde arabe.
Un joyau médiatique dans la région
Fondée en 2012, la chaîne qatarie a su s'imposer comme un acteur incontournable dans la diffusion sportive, non seulement au Moyen-Orient, mais aussi en Europe et en Asie. Son succès repose sur des droits diffusion exclusifs des plus grandes compétitions sportives. En devenant actionnaire de BeIN, l'Arabie Saoudite pourrait avoir accès à un réseau médiatique d'envergure mondiale, renforçant ainsi son pouvoir d'influence dans l'industrie sportive.
Cette expansion dans le secteur des médias sportifs s'inscrit dans une stratégie plus large pour le Royaume. Depuis plusieurs années, le Fonds Souverain d'Arabie Saoudite (PIF) multiplie les investissements dans le sport, notamment avec le rachat de Newcastle United en Premier League anglaise, la création de la ligue de golf LIV et des tentatives d'acquisition de parts dans des compétitions comme la Formule 1.
DAZN : démenti des négociations mais un contexte révélateur
En parallèle des discussions avec BeIN, des rumeurs avaient circulé sur une potentielle acquisition de 10 % de DAZN par l'Arabie Saoudite. Reuters rapportait début octobre 2024 que le PIF saoudien était en pourparlers pour acquérir une part du géant du streaming sportif, évaluée à près de 1 milliard de dollars. Cependant, les autorités saoudiennes ont rapidement nié cette information, tout en gardant le silence sur les discussions en cours avec BeIN Sports.
Il est important de noter que, malgré ce démenti concernant DAZN, le timing de ces rumeurs est révélateur des ambitions du Royaume. La volonté du PIF de pénétrer le marché streaming sportif mondial n'est plus un secret. La plateforme leader de l'OTT (Over-The-Top) pourrait représenter une cible de choix, avec ses droits exclusifs sur des ligues majeures comme la Serie A italienne, LaLiga espagnole et la Bundesliga allemande. Le fait que l'Arabie Saoudite ait récemment nié les négociations avec DAZN n'écarte pas l'idée qu'elle continue de chercher des opportunités similaires sur le marché du sport et des médias.
Vers une transformation médiatique du sport ?
Les ambitions saoudiennes dans les médias sportifs et le streaming sont indéniables. Si l'acquisition de parts dans BeIN Sports se concrétise, cela pourrait repositionner le Royaume en tant que leader du sport non seulement à travers ses investissements dans les clubs et les événements sportifs, mais aussi dans la diffusion de ces mêmes événements à l'échelle mondiale.
La stratégie plus large de l'Arabie Saoudite, symbolisée par les initiatives du PIF, montre que le sport n'est plus uniquement un outil de soft power pour le Royaume, mais bien un secteur économique stratégique. Le streaming et les droits médiatiques constituent désormais une partie intégrante de cette vision, où contrôler la diffusion du sport est aussi important que de contrôler les équipes et les événements sportifs.
Alors que l'Arabie Saoudite continue de chercher à investir dans le sport à travers des canaux variés, l'accord avec BeIN Sports pourrait bien représenter la prochaine grande étape. Ce serait un mouvement décisif dans la consolidation du Royaume en tant qu'acteur central dans l'économie sportive mondiale. Tandis que les rumeurs autour de DAZN sont démenties, il est clair l'Arabie Saoudite ne compte pas s'arrêter là et continuera à cibler des investissements stratégiques dans le secteur médiatique sportif.
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